Le piège des newsletters payantes se referme

Hubert Guillaud

Jason Koebler, rédacteur en chef de 404media s’inquiète de « l’Ai-fication de l’email ». Le média indépendant qui a construit un paywall sur ses contenus, s’est transformé en newsletter payante, passant de 3 000 à 11 000 abonnés payants. Mais, avec le développement de l’IA partout, les outils de webmails pourraient se mettre à résumer automatiquement les newsletters, conduisant les lecteurs à ne plus les ouvrir, expliquait-t-il dans un récent débat.  

Cette transformation des conditions économiques de l’information, dont nous nous inquiétions nous-mêmes, est très concrète, explique le journaliste David-Julien Rahmil pour l’ADN. La plateforme de newsletter, Substack semble avoir passé le pic des abonnements payants, avec près de 5 millions d’abonnés pour quelques 75000 newsletters payantes actives. Il est désormais plus difficile pour les nouveaux venus de conquérir un public et surtout, « seuls 17 000 comptes parviennent à générer des revenus, et pour la majorité d’entre eux, il ne s’agit que de quelques centaines de dollars par mois ».

Ce « journalisme de mécénat » conduit non seulement à l’individualisation et à la précarisation des journalistes, mais pire, il les soumet aux tendances du marché qu’orientent les plateformes. Et non des moindres, puisque la journaliste Ana Marie Cox observe que de nombreux journalistes esseulés ont tendance à tenir des propos de plus en plus à droite pour satisfaire aux lecteurs les plus à même de payer. Elle estime que cette dépendance aux plateformes force les journalistes à se conformer au marché, dans une forme de clientélisme incompatible avec le métier.