🐘 Trumpiste, la Silicon Valley ?

Hubert Guillaud

Alors que le Washington Post annonce le « réalignement de la Valley », pourquoi le capital-risque soutient-il le trumpisme ?, s’interroge Ben Tarnoff. « Ce qui définit la vallée est quelque chose que l’on ne peut pas voir : la vitesse du capital qui la traverse. » Pour Tarnoff, le « trumpisme reste une tendance minoritaire au sein du patriciat technologique », mais les idées de droite s’y sont développées, notamment durant la présidence Biden. Pour Tarnoff, l’idéologie ne se développe jamais dans le vide ; « elle dépend en grande partie de la façon dont les gens gagnent leur vie », comme l’a montré le sociologue Stuart Hall. Nombre de ceux qui se sont ralliés à Trump sont des capitaux-risqueurs, plus que des entrepreneurs de startups, estime Tarnoff. Après avoir connu des levées de fonds records jusqu’en 2022, depuis 2023, tout s’est ralenti : les entrées en bourse comme les fusions-acquisitions. Les poursuites anti-trust de l’administration Biden freinent également l’économie du capital-risque. Et les projets d’augmenter les impôts sur les plus-values menacent l’investissement. La vallée semble à court de liquidités. Et l’IA générative qui ne profite qu’aux plus puissants peine à doper le secteur. Enfin, les capitaux-risqueurs sont remontés contre les mesures à l’encontre des cryptos et de l’IA prisent par l’administration Biden, d’abord parce qu’elles favorisent les Gafams au détriment des startups. 

Or, Trump propose d’abroger tout cela. Les entreprises de Thiel, comme Palantir, très orientées défense ont toutes des contrats avec la Défense américaine et Trump souhaite soutenir l’IA militaire. Les trumpistes soutiennent aussi le démantèlement des Gafams qui pourrait également profiter au capital-risque. La perspective de perdre de sa puissance, pourrait ramener la Silicon Valley dans le giron républicain où elle penchait déjà dans les années 70 et 80.