« La crise de l’emploi via l’IA est arrivée. Elle est là, maintenant. Elle ne ressemble simplement pas à ce que beaucoup attendaient.
La crise de l’emploi dans l’IA ne ressemble pas, comme je l’ai déjà écrit, à l’apparition de programmes intelligents partout autour de nous, remplaçant inexorablement et massivement les emplois humains. Il s’agit d’une série de décisions managériales prises par des dirigeants cherchant à réduire les coûts de main-d’œuvre et à consolider le contrôle de leurs organisations. La crise de l’emploi dans l’IA n’est pas une apocalypse d’emplois robotisés à la SkyNet : c’est le Doge qui licencie des dizaines de milliers d’employés fédéraux sous couvert d’une « stratégie IA prioritaire ».
La crise de l’emploi dans l’IA ne se résume pas au déplacement soudain de millions de travailleurs d’un seul coup ; elle se manifeste plutôt par l’attrition dans les industries créatives, la baisse des revenus des artistes, écrivains et illustrateurs indépendants, et par la propension des entreprises à embaucher moins de travailleurs humains.
En d’autres termes, la crise de l’emploi dans l’IA est davantage une crise de la nature et de la structure du travail qu’une simple tendance émergeant des données économiques », explique Brian Merchant. « Les patrons ont toujours cherché à maximiser leurs profits en utilisant des technologies de réduction des coûts. Et l’IA générative a été particulièrement efficace pour leur fournir un argumentaire pour y parvenir, et ainsi justifier la dégradation, la déresponsabilisation ou la destruction d’emplois précaires ». Le Doge en est une parfaite illustration : « il est présenté comme une initiative de réduction des coûts visant à générer des gains d’efficacité, mais il détruit surtout massivement des moyens de subsistance et érode le savoir institutionnel ».
« On entend souvent dire que l’IA moderne était censée automatiser les tâches rébarbatives pour que nous puissions tous être plus créatifs, mais qu’au lieu de cela, elle est utilisée pour automatiser les tâches créatives ». Pourquoi ? Parce que l’IA générative reste performante pour « certaines tâches qui ne nécessitent pas une fiabilité constante, ce qui explique que ses fournisseurs ciblent les industries artistiques et créatives ».
Luis von Ahn, PDG milliardaire de la célèbre application d’apprentissage des langues Duolingo, a annoncé que son entreprise allait officiellement être axée sur l’IA. Mais ce n’est pas nouveau, voilà longtemps que la startup remplace ses employés par de l’IA. En réalité, les employés ne cessent de corriger les contenus produits par l’IA au détriment du caractère original et de la qualité.
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