En 2022, Vi Bilagare, un magazine automobile suédois, a mesuré le temps nécessaire aux conducteurs pour effectuer des opérations comme changer de station de radio ou modifier la température, tout en roulant à 110 km/h. L’étude a comparé 11 voitures équipées d’écrans tactiles à un seul modèle plus ancien équipé de véritables boutons, rapporte The Economist. Dans l’ancienne voiture, les conducteurs pouvaient effectuer toutes leurs tâches en une dizaine de secondes, pendant lesquelles la voiture parcourait environ 300 mètres. Dans la voiture moderne la moins performante, les mêmes tâches prenaient 45 secondes, durant lesquelles la voiture parcourait 1,4 km. Même dans les modèles les plus performants, les testeurs ont mis plusieurs secondes de plus que dans l’ancienne voiture.
Une autre étude, réalisée en 2024 par des chercheurs d’un organisme norvégien a utilisé des caméras de suivi du regard pour comparer la durée de distraction des conducteurs lors de l’exécution de différentes tâches sur un écran tactile. Même la tâche la plus rapide – changer la température – impliquait en moyenne trois secondes et demie sans regarder la route. Trouver une nouvelle station de radio prend 11 secondes et saisir une nouvelle adresse dans le GPS, 16 secondes (ce qui semble vraiment très rapide !). Une analyse publiée en 2020 par le Transport Research Laboratory, un organisme britannique, a révélé que les écrans tactiles entraînaient davantage de ralentissements dans la réaction du conducteur qu’une conduite en état d’ébriété.
Les organismes de sécurité commencent à s’en rendre compte. À partir de janvier, de nouvelles règles d’Euro NCAP, l’organisme qui évalue la sécurité des voitures vendues en Europe, stipulent qu’aucune voiture ne pourra obtenir la note maximale de cinq étoiles si certaines fonctions cruciales – les clignotants, par exemple, ou les essuie-glaces – ne sont pas commandées par de véritables interrupteurs. Si les directives de sécurité d’Euro NCAP n’ont aucune valeur juridique, les constructeurs automobiles utilisent ses notes comme un argument de vente, ce qui pourrait les inciter à limiter le développement des écrans de fonctions.
Les constructeurs qui reviennent aux boutons peuvent également en tirer d’autres avantages. De nombreux conducteurs n’apprécient pas les écrans tactiles pour des raisons autres que la sécurité, les trouvant fastidieux et pénibles à utiliser. D’ailleurs, certaines marques ont commencé à réintégrer au moins certains boutons sur leurs nouveaux modèles, invoquant l’aversion croissante des conducteurs pour les écrans.
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