Modération sur X : de 2,1% à 0,003%

Hubert Guillaud

Entre 2021 et 2024, la suspension de comptes sur Twitter est passée de 105 000 comptes pour 5 millions de signalements pour harcèlements à 2361 pour 66 millions de signalements. Effectivement, Musk a fait de l’un des problèmes les plus flagrants de Twitter une fonctionnalité essentielle de X.

MAJ du 21/11/2024 : Quant au programme participatif de vérifications des faits mis en place par X (Community Notes), souvent salué par la critique pour son aspect innovant, en vérité, la majorité des propositions de vérifications ne sont jamais exposées au public, rapporte le Washington Post. En fait, les participants aux notes communautaires, après avoir vu leur participation acceptée, votent pour déterminer quelles annotations peuvent être jointes à quelles publications. Ce vote algorithmisé ne met en avant que les notes qui « reçoivent le consensus d’utilisateurs ayant l’habitude de voter différemment », explique une analyse du Center for Countering Digital Hate. Et cette recherche de consensus écarte 91% des propositions d’ajouts de notes sur des messages problématiques. Sans compter qu’il faut en moyenne 11 heures pour qu’une note soit ajoutée à un tweet, ce qui lui laisse largement le temps d’atteindre l’essentiel de son public. Pire, la proportion d’ajout de notes communautaires a tendance à baisser plutôt qu’à se développer. Le crowdsourcing de la modération ne peut pas remplacer la modération traditionnelle faite par des employés, soulignent les experts. En tout cas, dans la pratique, pour l’instant, la modération communautaire sur X ne fonctionne pas ! Enfin, souligne le Post, seulement 24 tweet de Musk ont reçu une note de vérification, soit un peu moins de 4% de ses tweets signalés comme problématiques par la communauté.

Dans sa newsletter, Julia Angwin constate que les réseaux sociaux ont largement renoncé à la modération politique. Les plateformes ne seront pas les gardiennes de la vérité des faits qui remettent en cause le pouvoir. Il est « devenu évident que les plateformes technologiques ne risqueront pas leurs profits ou leur pouvoir politique en rejoignant la lutte pour la protection de l’information de bonne qualité. Et le gouvernement américain – désormais fermement sous le contrôle du parti républicain – ne les y poussera pas.

En d’autres termes, personne ne viendra nous sauver de cet environnement d’information pollué – ni le gouvernement ni les entreprises. Si nous voulons un environnement d’information de bonne qualité, nous allons devoir en construire un nouveau au-delà des murs des plateformes de médias sociaux existantes des Big Tech ».

MAJ du 22/11/2024 : Les études sur les biais de X se multiplient. Celle-ci montre que le compte de Musk a bénéficié d’une amplification accrue depuis sa déclaration de soutien à Trump et que les comptes Républicains sont depuis longtemps plus promus que les comptes Démocrates.