Aux Etats-Unis, la résistance contre les data centers s’organise

Hubert Guillaud

Pour Tech Policy Press, Justin Hendrix discute avec Vivek Bharathan, membre de l’association No Desert Data Center Coalition qui s’oppose à la construction de centres de données dans le désert, à Tucson, en Arizona, et Steven Renderos directeur de Media Justice, une association qui aide à la mobilisation contre le déploiement des data centers, et qui a notamment publié le rapport The People Say No: Resisting Data Centers in the South

La discussion montre la difficulté pour les habitants d’obtenir de l’information sur les déploiements en cours, voire sur les projets que décident les collectivités locales de plus en plus souvent liées par des contrats de confidentialité. Ce qui fait le plus réagir les gens, c’est la perspective de voir leurs factures d’électricité ou d’eau grimper, du fait de la concurrence entre ces nouveaux déploiements industriels et les usages domestiques. Les opposants aux projets rappellent qu’ils ne sont jamais invités à s’exprimer lors des réunions publiques, quand ceux qui le défendent, eux, sont payés pour le faire. 
Pour Steven Renderos, le rapport de Media Justice montre qu’il s’agit de savoir qui sera sacrifié dans la course à l’IA. Ceux qui déploient ces projets affirment que “les intérêts économiques des habitants sont les mêmes que l’intérêt national”, qu’importe si la course à l’IA implique d’empoisonner des Américains. Pour eux, certaines personnes méritent d’être sacrifiées pour le progrès technologique. Mais quels que soient les gagnants de la course mondiale à l’IA, les perdants seront toujours les mêmes. Même la promesse d’emploi est une illusion qui se terminera en ne proposant qu’une poignée d’emplois sous-traités. Ce que ces projets proposent, c’est de sacrifier des communautés au profit des produits technologiques et des bénéfices d’autrui. “Les entreprises technologiques construisent intentionnellement des installations là où elles pensent trouver la voie de la moindre résistance”, c’est-à-dire dans des endroits déjà dévastés par des procédés extractifs pour les renforcer encore. Ce que la résistance populaire montre, c’est qu’il est possible de dire non et que ces constructions ne sont pas inéluctables.

MAJ du 4/11/2025 : Le New York Times consacre un reportage à la contestation des projets de Data centers partout à travers le monde. Alors que les projets portés par les plus grandes entreprises se démultiplient, du Mexique à l’Irlande et que les autorités locales, partout, offrent des terrains à bas prix et des allégements fiscaux… « Dans tous les pays, militants, résidents et défenseurs de l’environnement se mobilisent. » « Les centres de données sont au carrefour des enjeux environnementaux et sociaux », rappelle un membre des Amis de la Terre irlandais. Partout, les témoignages insistent sur l’absence de soutien prévu pour les habitants, ce qui favorise le développement de la contestation. « Peu de réglementations environnementales ont été conçues pour les centres de données, et les entreprises exigent souvent un certain niveau de confidentialité de la part des gouvernements », explique Ana Valdivia, maître de conférences à l’Université d’Oxford qui étudie le développement des centres de données.

MAJ du 10/11/2025 : Dans une analyse pour Tech Policy Press, Christopher Jordan de la National League of Cities et Kate Stoll du Centre pour la preuve scientifique dans les enjeux publics estiment qu’au cours du second semestre 2025, l’opposition des communautés locales aux projets et développements de centres de données s’est intensifiée, aux Etats-Unis. Les deux institutions ont publié des ressources pour aider les autorités locales à structurer leurs demandes et à analyser les projets.