Aux Etats-Unis, la résistance contre les data centers s’organise

Hubert Guillaud

Pour Tech Policy Press, Justin Hendrix discute avec Vivek Bharathan, membre de l’association No Desert Data Center Coalition qui s’oppose à la construction de centres de données dans le désert, à Tucson, en Arizona, et Steven Renderos directeur de Media Justice, une association qui aide à la mobilisation contre le déploiement des data centers, et qui a notamment publié le rapport The People Say No: Resisting Data Centers in the South

La discussion montre la difficulté pour les habitants d’obtenir de l’information sur les déploiements en cours, voire sur les projets que décident les collectivités locales de plus en plus souvent liées par des contrats de confidentialité. Ce qui fait le plus réagir les gens, c’est la perspective de voir leurs factures d’électricité ou d’eau grimper, du fait de la concurrence entre ces nouveaux déploiements industriels et les usages domestiques. Les opposants aux projets rappellent qu’ils ne sont jamais invités à s’exprimer lors des réunions publiques, quand ceux qui le défendent, eux, sont payés pour le faire. 
Pour Steven Renderos, le rapport de Media Justice montre qu’il s’agit de savoir qui sera sacrifié dans la course à l’IA. Ceux qui déploient ces projets affirment que “les intérêts économiques des habitants sont les mêmes que l’intérêt national”, qu’importe si la course à l’IA implique d’empoisonner des Américains. Pour eux, certaines personnes méritent d’être sacrifiées pour le progrès technologique. Mais quels que soient les gagnants de la course mondiale à l’IA, les perdants seront toujours les mêmes. Même la promesse d’emploi est une illusion qui se terminera en ne proposant qu’une poignée d’emplois sous-traités. Ce que ces projets proposent, c’est de sacrifier des communautés au profit des produits technologiques et des bénéfices d’autrui. “Les entreprises technologiques construisent intentionnellement des installations là où elles pensent trouver la voie de la moindre résistance”, c’est-à-dire dans des endroits déjà dévastés par des procédés extractifs pour les renforcer encore. Ce que la résistance populaire montre, c’est qu’il est possible de dire non et que ces constructions ne sont pas inéluctables.