Aujourd’hui, presque toutes les étapes du développement des modèles d’IA, de l’infrastructure de calcul aux données de formation, sont contrôlées par une poignée de grandes entreprises technologiques, rappelle la chercheuse Sarah Hubbard dans une tribune pour le Ash Center pour la gouvernance démocratique et l’innovation de Harvard. Pour que l’IA serve mieux l’intérêt public, il nous faut penser une propriété alternative et des structures de gouvernance plus partagées, défend-t-elle, en proposant de mieux explorer le modèle coopératif. A l’heure où la concentration des infrastructures est toujours plus forte, nous devrions promouvoir des alternatives pour rétablir de la concurrence, à l’image des projets coopératifs Coop-Cloud ou Common Cloud… voir défendre, comme le proposaient Nathan Sanders, Bruce Schneier et Norman Eisen, une IA publique, ou, comme le proposaient les chercheurs Tejas Narechania et Ganesh Sitaraman, des alternatives d’IA coopératives, voire encore des coopératives de données, comme Superset ou Aya, ou encore la possibilité de créer des modèles coopératifs pour que les travailleurs des données deviennent propriétaires des systèmes d’IA qu’ils contribuent à créer. Pour Sarah Hubbard nous devrions « explorer davantage les modèles opérationnels qui donnent aux utilisateurs finaux, en tant que parties prenantes, un pouvoir de décision sur les systèmes d’IA ».
De plus en plus d’initiatives de la société civile plaident en faveur d’une IA gouvernée collectivement. Le Collective Intelligence Project organise des assemblées d’alignement qui visent à intégrer la contribution du public dans le développement des systèmes d’IA. D’autres efforts sont déployés, comme les assemblées citoyennes que nous avions évoquées, ou encore les « sorties vers la communauté », c’est-à-dire les propositions pour que les entreprises du numérique passent sous contrôle coopératif de la communauté, comme Nathan Schneider l’avait envisagé pour Twitter ou comme l’avait proposé le milliardaire Franck McCourt pour TikTok.
Face à des entreprises surpuissantes, la piste coopérative peut sembler une alternative incapable de passer à l’échelle. La démocratisation de la technologie reste pourtant la seule voie pour rétablir de la confiance et de la décentralisation face à l’avenir technologique qui s’annonce.
Stream "Ça (dys)fonctionne"
- ↪ Moraliser les machines
- ↪ Re-centralisation
- ↪ Nous avons besoin de bases partagées de ce que les modèles censurent
- ↪ Pour une IA favorable aux travailleurs
- ↪ Internet n’explique rien
- ↪ Les avantages sociaux du privé… ne durent pas
- ↪ De notre éblouissement
- ↪ Les agents IA, moteurs de manipulation
- ↪ Machines à mèmes
- ↪ Quand la dématérialisation réduit les droits